Sélectionner une page

Aujourd’hui, je vais faire un retour en arrière pour vous parler d’un moment clé dans ma vie de créatrice de contenu. Une remise en question qui a bouleversé ma vision du sujet central de mes vidéos, de mon milieu professionnel et même de mon métier.

Le déclic : quand la science rencontre les croyances

La crise du COVID comme déclencheur

Tout a commencé en 2020, avec la crise sanitaire du COVID-19. Cette période a été source d’anxiété pour beaucoup d’entre nous. 

En effet, une analyse de l’évolution des fausses nouvelles sur le COVID-19 a révélé une augmentation de 900 % entre janvier et mars 2020.

Face à ce tourbillon d’informations contradictoires et de fake news, j’ai ressenti le besoin de trouver des repères fiables.

Cette quête de vérité m’a menée vers une découverte fascinante : la zététique, cet « art du doute », qui aide à distinguer science et croyance.

La découverte de la zététique

La zététique, c’est un peu comme un travail de détective. C’est une démarche qui nous invite à aborder chaque information en se demandant : “Quelles sont les preuves ? D’où vient cette information ? Est-ce que je peux la vérifier ?”. 

Je me plonge alors dans la découverte de nombreux contenus dont les cours de l’universitaire grenoblois Richard Monvoisin et la chaîne La Tronche en Biais.

Le podcast qui a tout remis en question

La rencontre avec Méta de Choc

Cette exploration du monde de la pensée critique me conduit vers Méta de Choc, un podcast d’Élisabeth Feytit.

En octobre 2021, Élisabeth Feytit reçoit Stéphanie Aubertin, une psychologue clinicienne, notamment spécialisée dans l’intelligence et les émotions.

À travers quatre épisodes, cette neuropsychologue déconstruit les mythes autour du haut potentiel et de l’hypersensibilité

Elle critique vigoureusement certains professionnels de la psychologie, coupables de transformer ces sujets en un filon commercial lucratif et une étiquette facile à coller.

La traversée du doute

L’effet Barnum en question

Stéphanie Aubertin affirme que le concept d’hypersensibilité est un « fourre-tout » sans base scientifique solide. Elle explique que beaucoup de personnes s’y reconnaissent à cause de l’effet Barnum, ce biais cognitif qui nous fait accepter des descriptions vagues comme s’appliquant précisément à nous.

Laissez-moi vous donner un exemple de l’effet Barnum. Imaginez qu’on vous dise : « Vous êtes quelqu’un de sensible aux besoins des autres, mais parfois, vous avez vraiment besoin de vous isoler pour recharger vos batteries. »

Ça vous parle, n’est-ce pas ?

C’est normal : cette description est si large qu’elle pourrait s’appliquer à la plupart d’entre nous.

Et c’est exactement ce qui se passe avec certaines descriptions de l’hypersensibilité : elles sont formulées de manière si générale qu’elles résonnent chez beaucoup de personnes.

Face à mon audience : le poids de la responsabilité

Au moment où je tombe sur ces épisodes de Méta de choc, je suis à la recherche d’un nouveau sujet de contenu.

Les propos de Stéphanie Aubertin me troublent.

Moi qui voyais l’hypersensibilité comme une évidence, je me trouve face à une question profonde et déstabilisante : et si je m’étais égarée ?

Cette période de doute affecte ma relation avec vous, mon audience. Je me sens responsable de vos parcours, de vos prises de conscience.

Comment continuer à documenter un sujet dont je ne suis plus certaine qu’il soit vulgarisé correctement ?

Bien que je ne parle pas de haut potentiel intellectuel, le thème seul de l’hypersensibilité est central dans mon travail.

J’avais jugé cette notion pertinente parce que je m’y reconnaissais. Je m’appuyais sur des revues de vulgarisation scientifique et des ouvrages de psychologues, dont, les écrits d’Elaine Aron, la psychologue américaine ayant vulgarisé le concept.

Mais face à ces critiques, je suis très perturbée. Moi aussi, j’ai été sujette à mes biais psychologiques. Comment concilier cette prise de conscience avec le travail que j’ai déjà accompli ? Est-ce que je dois tout remettre en cause ?

Ces questions m’obsèdent et m’amènent à une conclusion évidente : j’ai besoin de creuser plus profondément, de comprendre les fondements scientifiques de ces concepts. C’est pourquoi je décide de contacter directement Stéphanie Aubertin.

Vers une approche plus scientifique

La prise de conscience

J’écris un long email à Stéphanie pour lui proposer un échange, mais elle ne me répond pas.

Dans les jours qui suivent, je réfléchis à la responsabilité que j’ai en tant que créatrice de contenus. Je réalise l’importance de les actualiser pour refléter les connaissances scientifiques actuelles.

Les dérives de l’industrie du bien-être

Du fait de ces découvertes, je me focalise de plus en plus sur ce qui me dérangeait déjà sur Internet. 

Les recherches montrent effectivement que les informations simplistes, complotistes ou sensationnalistes se propagent généralement plus rapidement et plus largement sur Internet que les informations scientifiquement fondées.

À titre d’exemples :

Plus je m’aperçois de l’ampleur de la désinformation, plus je réalise l’importance d’une approche rigoureuse dans la création de contenus.

Mais l’ampleur de la tâche me semble immense, d’autant que mon activité professionnelle est déficitaire. Ce sera la raison qui me conduira à vouloir arrêter Les Sensibles en janvier 2022. J’abandonne alors la création de contenus pendant quelques mois…

Un nouveau départ

Puis en mars, je découvre la sortie d’un dossier thématique de Cerveau & Psycho sur l’hypersensibilité, qui annonce s’appuyer sur des études scientifiques.

Ce dossier du magazine me redonne espoir. Je reviens donc créer du contenu à partir d’avril, mais avec un angle éditorial plus axé sur les relations sociales.

Ce retour à la création de contenu en avril 2022 n’était pas un simple retour à la case départ. J’avais changé, mûri. Cette pause m’avait permis de clarifier ce qui me tenait vraiment à cœur : vous accompagner vers un mieux-être émotionnel, au-delà des étiquettes.

Mon expérience dans une autre activité m’avait confirmé que mes besoins psychologiques seraient mieux comblés dans cette activité (Les Sensibles/Sensible Révolution), mais avec une approche plus nuancée et mieux documentée.

Vers une nouvelle vision de la sensibilité

Au-delà des étiquettes : se reconnaître sans se figer

Comme tout être humain, j’ai été influencée par des biais cognitifs naturels qui m’ont amenée à adhérer à certains concepts comme “la pensée en arborescence”, dont la validité scientifique n’est pas établie.

Il n’en reste pas moins que ma sensibilité et mon émotivité exacerbées sont une réalité, comme pour beaucoup d’entre vous, qui se sont reconnus dans mes contenus.

Je reste convaincue que se reconnaître dans une étiquette peut être un point d’appui, à condition de ne pas s’y enfermer.

Vous m’avez souvent confié comment cette découverte vous a aidés à mieux vous comprendre. Personnellement, découvrir mon hypersensibilité a fait partie des déclencheurs qui m’ont incitée à développer ma connaissance de soi puis à mettre en place un changement de vie profond et plus adapté à mes besoins et à mes valeurs.

Je tiens à vous dire que notre vécu et notre ressenti restent valides. Ce qui change aujourd’hui, c’est la façon dont je vais aborder à présent ces questions de sensibilité et d’émotions.

Je sais plus que jamais qu’il est essentiel de garder un esprit critique sur les informations auxquelles nous sommes exposés. Je vous invite vivement à le faire avec les créateurs que vous suivez, et je m’inclue dedans.

C’est pourquoi, je fais au mieux pour diffuser des contenus basés le plus possible sur des connaissances scientifiques.

La science en mouvement : accepter l’incertitude

La science, c’est un peu comme un puzzle géant. Chaque étude apporte une nouvelle pièce, mais parfois, en ajoutant ces pièces, on réalise que l’image qu’on imaginait au départ n’est pas exactement celle qui se dessine. C’est ce qui s’est passé avec ma compréhension de l’hypersensibilité. 

Cette expérience m’a rappelé une vérité fondamentale : l’information ne peut pas être un ensemble de certitudes figées. Car si elle se base sur la science, elle est, comme elle, un processus en constante évolution. 

Cette réflexion m’apporte un réconfort sur mon parcours de créatrice de contenu. Je me suis appuyée sur les connaissances disponibles à l’époque, sur des ouvrages écrits par des personnes que j’estimais plus compétentes que moi. 

Aujourd’hui, je réalise que la connaissance est un voyage, pas une destination. 

C’est d’ailleurs l’une des forces de la communauté scientifique : c’est une communauté mondiale qui évolue et s’autorégule en permanence. 

Les méta-analyses sont essentielles dans le processus scientifique. Elles permettent de regrouper les résultats de plusieurs études et d’en dégager une vision globale et plus fiable.

Les études sur l’hypersensibilité vont probablement se poursuivre. Et si des méta-analyses sont publiées un jour, je serai là pour les partager avec vous.

Mon recentrage : le développement des compétences émotionnelles et relationnelles

Les compétences émotionnelles comme boussole

Je continuerai donc à documenter ce chemin, mais avec une approche plus rigoureuse et une ligne éditoriale plus spécifique.

Je vais continuer à vous parler de la manière dont nous, personnes sensibles, pouvons mieux comprendre nos pensées, nos émotions et développer nos compétences relationnelles. 

Mais je mettrai moins l’accent sur les traits d’hypersensibilité. Sauf sous l’angle dont je vous ai parlé dans un contenu précédent, en tant que conséquence de la maltraitance infantile.

Le développement des compétences émotionnelles et relationnelles a toujours été au cœur de mon travail.

Ce sont des capacités concrètes que nous pouvons tous développer : identifier nos émotions avec précision, comprendre leurs déclencheurs, réguler leur intensité, et les exprimer de manière adaptée.

Des changements concrets dans mon activité

Cette réflexion m’a conduite à prendre une décision importante en repensant en profondeur mon modèle d’activité. 

1. Mise à jour de mes contenus existants

Tout d’abord, certains articles de mon blog, vidéos et épisodes de podcast vont être archivés (ou mis à jour). Ce choix s’inscrit dans ma démarche d’intégrité intellectuelle et mon engagement envers vous.

Bien que cela impacte négativement la possibilité de monétiser ma chaîne YouTube et ma visibilité, ma priorité est de vous offrir des contenus qui reflètent l’état actuel des connaissances. 

Par conséquent, cette décision est alignée avec ma vision de ce que doit être un créateur de contenu responsable.

2. Arrêt de mon activité de coaching

Ensuite, j’arrête mon activité de coaching de vie, que de toute façon, je n’ai jamais réussi à monétiser. En effet, je souhaite me dissocier des milieux du développement personnel et de la spiritualité.

Je suis convaincue que la plupart des personnes qui travaillent dans ces milieux et dans le bien-être au sens large, le font dans l’objectif sincère d’accompagner d’autres personnes vers un mieux-être.

Il n’en reste pas moins que certaines pratiques dans la santé naturelle, la spiritualité et le coaching, mettent en danger des personnes, ce qu’Élisabeth Feytit documente dans son podcast. Sans compter les dérives graves, pratiquées consciemment par certains individus.

Dernièrement, j’ai été particulièrement choquée d’apprendre qu’un coach et formateur extrêmement connu aurait menti en prétendant avoir obtenu un doctorat en neurosciences. Ce qui, évidemment, lui confère une très forte légitimité. 

La Justice va forcément se saisir de cette affaire et j’ai bon espoir que la vérité soit révélée au grand jour. Ce n’est qu’une question de temps. 

Je vous laisse aller voir l’enquête en plusieurs épisodes de la chaîne Survolté pour avoir plus d’informations. Merci au passage à son créateur.

J’espère que le métier de coach finira par être réglementé. Car aujourd’hui, n’importe qui peut l’exercer, y compris sans aucune formation. Je déplorais déjà cela dans mes deux épisodes de podcast intitulés : “Le coaching de vie : mise au point sur la réalité du métier” (épisode 1) et épisode 2.

La deuxième raison qui me fait stopper mon activité d’accompagnement et qui découle de la première, est que pour continuer à me professionnaliser, je n’ai trouvé aucun organisme qui dispense en présentiel une formation de coaching de vie axée sur la psychologie scientifique. 

J’aurais pu poursuivre ma formation auprès du cabinet Chrysippe en lequel j’ai toute confiance. Malheureusement, ils ne dispensent plus que des formations en e-learning à présent.

3. Maintien et évolution de mes formations en ligne et de mes contenus gratuits

Je vais donc désormais me focaliser sur la création de contenus et les formations en ligne.

Je demeure passionnée par les sujets liés à notre fonctionnement cognitif et au développement des compétences émotionnelles et sociales, et plus largement par les sciences humaines.

Les formations permettent de transmettre des connaissances et des outils concrets dans un cadre pédagogique structuré. De plus, elles sont accessibles financièrement à un plus grand nombre de personnes, par rapport au coaching individuel.

Les formations que je propose continueront d’évoluer pour intégrer les outils pratiques issus de la psychologie scientifique.

4. Un nouveau modèle de soutien

Enfin, pour préserver ma liberté éditoriale et mon indépendance intellectuelle, j’ai également décidé d’ouvrir la possibilité aux personnes qui apprécient mon travail de le soutenir par des dons. 

Pour information, les dons sont bien évidemment déclarés et soumis aux cotisations sociales et fiscales en vigueur.

Vous trouverez dorénavant les liens vers les plateformes de dons dans les descriptions de tous mes contenus, si vous souhaitez soutenir ma démarche et mon travail.

En parallèle de cette activité de création bénévole que je souhaite préserver, je conserve mon activité freelance en tant que “bras-droit” digital. 

Cette expérience m’a fait réaliser quelque chose d’important : mon besoin d’apprentissage et mon humilité naturelle ont été des atouts. Ne me considérant pas comme une experte, j’ai gardé cette capacité à douter, à questionner, à rester ouverte aux nouvelles informations. 

C’est cette posture qui m’a permis d’évoluer quand j’ai découvert des données contradictoires, même si cela impliquait de bouleverser mes certitudes et de réinventer mon activité.

C’est avec confiance que je m’engage dans cette nouvelle étape de mon parcours, et je suis heureuse de pouvoir la partager avec vous.

À bientôt.