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Aujourd’hui je vais vous parler de l’introversion, en particulier chez les personnes hypersensibles. 

Il y a beaucoup de similitudes entre ces deux traits de personnalité. Alors, c’est parfois difficile de faire son analyse personnelle. D’autant plus avec les amalgames qui sont faits entre la timidité, l’asociabilité, l’anxiété sociale…

L’introversion et l’extraversion chez les hypersensibles

Introverti ou extraverti ?

Selon Elaine Aron, la majorité des personnes hypersensibles sont introverties, à plus ou moins grande intensité. La majorité, cela veut dire que l’on peut aussi être hypersensible et extraverti, même si c’est moins courant.

L’introversion est caractérisée principalement par le besoin de se ressourcer dans le calme et la solitude. Les personnes introverties préfèrent les ambiances intimistes aux contextes bruyants. 

Ce sont celles qui vont choisir d’aller dans un petit restaurant tranquille en tête-à-tête avec un(e) ami(e). Quand les extravertis seront au mieux de leur bien-être au sein d’une fête gigantesque.

Si vous pensez être seulement de tempérament introverti, sans vous reconnaître dans les caractéristiques de l’hypersensibilité, je vous conseille le site de Julien Prest : « Un monde pour les introvertis » 

J’ai eu l’occasion de discuter avec lui et de lire plusieurs de ses articles que je trouve de qualité.

Différences et similitudes entre introvertis et hypersensibles

Les introvertis comme les hypersensibles ont :

  • une capacité d’introspection supérieure à la moyenne 
  • un monde intérieur riche
  • une tendance à beaucoup analyser leur environnement
  • une habileté plus importante à l’écrit qu’à l’oral.

Un introverti peut passer pour une personne lente d’esprit vis-à-vis de quelqu’un qui ne la connaît pas. C’est bien sûr une fausse impression. Parce qu’une personne introvertie ne réagit pas du tac au tac dans les conversations. 

En réalité, la personne introvertie a juste besoin de temps pour synthétiser ses réflexions. De plus, elle n’aime pas parler pour ne rien dire. Elle pèse chacun de ses mots.

Si en plus, elle est hypersensible, sa pensée en arborescence ne l’aidera pas à faire cette synthèse rapidement, en temps réel.

Par contre, la personne introvertie ne sera pas forcément mal à l’aise sous le regard des autres.

L’inconfort en société peut être causé chez les introvertis par un tempérament hypersensible. Parce que la caractéristique majeure de l’hypersensibilité est la faible tolérance aux stimulations sensorielles. L’hyperstimulation étant toujours ressentie dans un contexte social bruyant, de promiscuité avec un grand nombre de personnes. Elle n’est pas nécessairement provoquée par la peur.

Donc, un hypersensible introverti, qui perçoit les émotions d’autrui et les absorbe comme une éponge, ressentira la plupart du temps une gêne vis-à-vis du regard des autres.

Si à cela s’ajoute un manque d’estime de soi, on se retrouve avec une personne hypersensible, introvertie et anxieuse en société. 

Avec pour conséquence, par exemple, l’impossibilité d’articuler 3 mots sur un sujet donné dans un contexte de groupe.  Alors que cette personne serait capable, dans la solitude et la tranquillité, d’en faire une dissertation de plusieurs pages !

Malgré cela, les hypersensibles sont capables d’être à l’aise à l’oral. Et même d’être volubiles. Cela est dû à leur caractère entier lorsqu’ils s’engagent dans un sujet qui les passionne. Mais cette aisance dans la conversation n’apparaît qu’avec les gens avec lesquels ils se sentent en confiance. Et généralement en petit groupe.

Un exemple de personnage célèbre, introverti et hypersensible

Portrait de Jan-Jacques Rousseau

L’héritage de Rousseau n’est pas seulement d’ordre philosophique, puisqu’il est aussi à l’origine d’une nouvelle forme de sensibilité. Son univers hanté par la rêverie, la contemplation de la nature, le goût insulaire et la solitude ont marqué la littérature du siècle suivant, à tel point que Rousseau est généralement considéré comme l’un des précurseurs du romantisme.

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Je me rappelle une anecdote de Jean-Jacques Rousseau, dans un de ses livres. Je crois que c’était dans « Les Confessions ». 

Il évoquait les salons de son époque, le Siècle des lumières. Ces salons étaient plutôt parisiens et mondains. Ils étaient souvent organisés par des femmes de la bourgeoisie.

Les participants étaient des intellectuels : philosophes, mathématiciens, politiciens… On y pratiquait la rhétorique qui est l’art de la conversation, de l’éloquence.

Rousseau n’aimait pas beaucoup ces salons. Il trouvait que les discussions y étaient superficielles. Que l’unique but était de divertir et de « se faire mousser ». Bien sûr, il n’employait pas ce terme dans son livre, il s’agit de mon interprétation 😁
Or Rousseau était quelqu’un en recherche constante de Vérité et de simplicité.

Rousseau, malgré son intelligence, était souvent moqué, car il n’avait aucune répartie. Il n’était pas amusant comme il était de bon ton de l’être. Ce n’était pas un grand orateur, mais quelqu’un de réfléchi et réservé.

 Longtemps après ces joutes verbales durant lesquelles il se sentait fréquemment humilié, il ruminait et imaginait les belles phrases qu’il aurait pu lancer.

Il décrivait l’état physique dans lequel le mettaient ses émotions à ce moment-là. Une sorte de torpeur, une brouille temporaire du cerveau qui le saisissait et le laissait sans voix. 

Cette description m’avait beaucoup marqué tant elle collait parfaitement à ce que j’avais déjà vécu de nombreuses fois en société… Et la raison pour laquelle, je me suis longtemps crue stupide, ignorant alors mon tempérament hypersensible et introverti.

Les écrits de Rousseau sont purs, touchants. Il adorait voyager en marchant et avait un amour et un respect profond pour la Nature. La nature est le fondement et le principe auquel il ne cesse de se référer dans son œuvre.

Par rapport à cela, c’est un personnage dont je me sens proche et dans lequel je me reconnais.

Cet amour pour la nature devient la seule consolation de sa fin de vie. Lorsqu’il écrit dans « les Rêveries du promeneur solitaire » qu’il « abandonne les tracas liés à la société des hommes », qu’il « aime mieux fuir que haïr ».

Je reconnais ici un grand trait de caractères des hypersensibles qui trouvent parfois la société trop brutale et s’en écartent pour se préserver de sa violence.

C’est pourquoi je suis persuadée que Rousseau était un hypersensible introverti. 

Mais revenons au 21ᵉ siècle ! Les hypersensibles, du fait de leur aptitude à prévoir toutes les conséquences d’une situation, partagent souvent la caractéristique suivante.

L’anxiété : une forme de peur

À travers mon travail de recherche et d’accompagnement, j’ai découvert que beaucoup d’hypersensibles souffrent d’anxiété, à divers degrés.

Il semble que l’anxiété découle directement de notre niveau d’analyse qui nous fait distinguer tous les risques d’un acte donné. Et par conséquent, qui nous empêche de passer à l’action dans certains contextes.

J’ai souvent évoqué la grande peur des autres dont j’ai souffert plus jeune.
Mon unique peur aujourd’hui est liée à mon intégrité corporelle. C’est-à-dire que j’ai toujours peur de chuter et de me blesser lorsque je pratique des sports de plein air (comme l’escalade dans le passé ou le VTT aujourd’hui). Cela me bloque dans mes progrès techniques. Mais comme je n’ai pas l’intention de devenir une sportive professionnelle, ce n’est pas un gros problème 😉

Chez vous, cette anxiété ou cette peur, suivant son intensité, est sans doute présente aussi. Mais peut-être qu’elle se manifeste dans un tout autre domaine que le sport. L’hypothèse la plus probable, est que cette peur apparaisse dans un contexte social.

Différences entre l’anxiété sociale et l’introversion

L’anxiété sociale est considérée comme un trouble pathologique mental par les psychiatres. Je ne partage pas cet avis. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire mon article sur le sujet intitulé « Comprendre l’anxiété sociale pour retrouver l’équilibre en société ».

L’inné et l’acquis

Ce qui complique un peu les choses, c’est que le fait de préférer passer du temps seul(e) est une caractéristique aussi bien partagée par des personnes hypersensibles, que des personnes introverties ou des personnes anxieuses sociales.

Par ailleurs, on peut aimer la solitude, en avoir besoin pour se ressourcer, mais être tout à fait sociable à des moments donnés, avec des personnes choisies. Là aussi, attention de ne pas confondre la sociabilité avec l’extraversion !

L’anxiété sociale est selon moi un trouble émotionnel. On ne naît pas anxieux social. On le devient. Le contexte familial et culturel joue beaucoup.

À l’inverse, l’hypersensibilité et l’introversion sont des tempéraments. Ils sont génétiquement programmés. Par conséquent, il est impossible de s’en défaire. On peut juste travailler sur les aspects qui nous desservent.

Contexte intimiste ou grande fiesta ?

Ce qui fait la différence entre une personnalité introvertie et/ou hypersensible et une personne anxieuse sociale, ce sont les pensées.

La personne anxieuse sociale qui se retrouve dans une grande fête va être très mal à l’aise, car elle va penser que les gens disent ou pensent du mal d’elle.
Elle va avoir en tête des pensées automatiques, généralement négatives à son égard. La personne anxieuse sociale est en permanence centrée sur elle-même au lieu d’être tournée vers les autres. Elle croit que les autres ne cessent de la critiquer, mais ce n’est que le miroir de ses propres pensées auto-critiques.

Ces pensées vont générer des émotions inconfortables qui peuvent aller jusqu’à la crise d’angoisse, suivant l’intensité de l’anxiété sociale.

La personne introvertie ou hypersensible (ou les deux) va simplement souffrir du bruit et de la foule, tout comme la personne hypersensible. Elle sentira une baisse d’énergie dans ce contexte. Elle éprouvera alors le besoin de rentrer chez elle, au calme, pour se reposer. En général, bien plus rapidement qu’une personne extravertie, qui elle, puise son énergie dans la foule.

Mais elle n’aura pas de pensées anxieuses par rapport à ce que les autres peuvent penser d’elles.

Si elle en a, c’est qu’elle souffre d’anxiété sociale, en plus d’être un tempérament introverti et/ou hypersensible.

Timidité, introversion ou hypersensibilité ?

Ce sont les proches des personnes timides qui en parlent le mieux en termes positifs. Mais la vision de la société sur la timidité est plutôt négative. 

Le mot « timide » est un adjectif qui dissimule une quantité incroyable de préjugés !

La timidité est la crainte que les autres ne nous aiment pas. C’est un état temporaire, une réaction, provoqués par une situation. Ce n’est pas un trait de personnalité comme l’hypersensibilité ou l’introversion.

Beaucoup d’enfants timides perdent leur timidité en vieillissant, en même temps qu’ils acquièrent de la confiance en eux.

L’introversion/l’extraversion et l’hypersensibilité sont des états permanents et définitifs. On peut atténuer certaines caractéristiques de personnalité qui nous paraissent inconfortables ou qui nous desservent. Mais on ne peut pas radicalement changer. Par exemple, on ne peut pas se transformer en extraverti si l’on est introverti. Ou devenir hyposensible si l’on est hypersensible.

Bien sûr, certaines personnes se forcent à être extraverties. Parce qu’un comportement expansif, voire exubérant, est davantage valorisé par la société qu’un comportement discret et réservé. 

Mais il s’agit d’un masque et non d’un changement naturel de tempérament.

De la même manière qu’on peut porter des lentilles colorées pour changer la couleur de ses yeux de manière temporaire. Mais on ne peut pas (à l’heure actuelle), la changer de manière définitive et immuable…

Souffrir de sa différence

Une personne hypersensible, encore plus si elle est introvertie, est consciente de sa différence. Depuis toujours.

D’abord parce qu’elle se sent profondément incomprise. Les réactions de son entourage lui laissent parfois penser qu’elle est anormale. 
Non seulement son entourage social au sens large, mais aussi, souvent, son cercle familial. 

C’est l’une des raisons qui font que vivre des relations de qualité est plus important encore pour les personnes hypersensibles que pour celles disposant d’une sensibilité moindre.

Notre culture ne considère pas la sensibilité comme un atout. Et l’on cherche de temps en temps à vous guérir de cette soi-disant anomalie. Jusqu’à vous laisser croire que vous souffrez de maladie mentale.
L’hypersensibilité est un tempérament encore peu connu du milieu médical. Et pour poser un diagnostic, les professionnels de la santé sont tenus de classer les gens dans des catégories.
Comme les hypersensibles sont souvent anxieux, ils sont vite mis dans la case des « anxieux sociaux » ou des « dépressifs ». Comme ils ont tendance à avoir des hauts et des bas émotionnels fréquents, parfois au sein d’une même journée, ils sont parfois catalogués « bipolaires ».

Rien n’empêche malheureusement d’être hypersensible et de souffrir en plus d’un trouble pathologique comme la dépression ou la bipolarité. Mais j’imagine qu’il arrive que cette catégorisation ne soit due qu’à la méconnaissance du tempérament hypersensible par les médecins.

L’hypersensibilité existerait chez tous les mammifères dans une proportion de 15 à 20 %. Selon Elaine Aaron, si cette caractéristique existe, c’est qu’elle a forcément une utilité. Et c’est vrai que la nature a horreur du vide et que pour survivre une espèce doit s’adapter à son environnement. 

Par exemple, j’ai lu quelque part que des éléphants d’Afrique commenceraient à aller se nourrir de nuit. Alors que ce sont normalement des animaux diurnes. La conclusion des biologistes est que ces éléphants s’adaptent pour fuir les braconniers…

Mais revenons à la théorie du Dr Aaron. Selon elle, les personnes sensibles comme les non-sensibles ont leur utilité. 

Imaginez que l’on retourne au temps des chasseurs-cueilleurs.
Les non-sensibles sont toujours prêts à combattre ou à partir en exploration, car ils n’ont pas conscience du danger.
Pendant ce temps, les sensibles font le guet grâce à leurs sens affûtés. Ils s’occupent des personnes âgées, des malades et des enfants. Parce qu’ils sont doués pour comprendre leurs besoins.
Ils repèrent aussi de nouvelles sources de nourriture grâce à leurs sens bien aiguisés. Mais cette capacité est sans cesse mise à l’épreuve, car ils sont aussi plus sensibles au froid, à la faim, à la fatigue et à la maladie.

Comme les non-sensibles sont peu craintifs, ils manquent de prudence et risquent leur vie plus souvent. Ce qui expliquerait qu’ils doivent être plus nombreux.
C’est sans doute moins vrai aujourd’hui qu’à l’époque de la Préhistoire, mais cette théorie reste amusante et plausible 😉

Voir sa différence comme une force

Être hypersensible ne condamne pas une personne à la fragilité. Nous ne sommes pas moins capables que quiconque de développer des capacités d’adaptation

Après m’être sentie victime, paumée et submergée par ce monde. Je me sens aujourd’hui forte, consciente de qui je suis, fière de ma différence et de mon parcours.

C’est une compensation nécessaire à mon passé. Un équilibre retrouvé. C’est ma résilience.

Et c’est tout ce que je vous souhaite d’atteindre. Même si la plupart d’entre vous ont peut-être juste envie de se sentir considérés comme « normaux » par la société.

Si vous avez besoin d’aide pour y voir plus clair dans votre tempérament, détecter vos forces naturelles et passer à l’action pour changer ce qui vous pèse : je vous invite à consulter ma page coaching. J’y explique en détails ma façon de pratiquer et la méthode que j’utilise.

Je vous retrouve dans un prochain contenu.

D’ici-là, prenez soin de vous en découvrant et respectant votre tempérament.