Aujourd’hui, je vais vous parler des bavardages que vous subissez parfois de votre plus fidèle compagnon.

Non, je n’évoque pas votre animal de compagnie. 

Une petite devinette : au quotidien, à qui pensez-vous parler le plus ? … Votre mère ? Votre partenaire amoureux ? Votre collègue de bureau ? 

Faux. C’est à votre propre cerveau. 

Votre conversation avec vous-même dans votre tête est journalière et permanente. 

Mais à quoi ressemble cette conversation ? 

Pour la plupart d’entre nous, c’est plutôt un échange unilatéral. Nos cerveaux nous engloutissent sous les bavardages et nous écoutons, croyons et obéissons passivement.

Je suis comme vous. Mon cerveau me dit des tas de choses depuis toujours. J’ai appris à ne plus l’écouter parfois. Car il n’est pas toujours de bon conseil.

Croyances limitantes et croyances aidantes

Mon cerveau, comme le vôtre, a des dizaines de milliers de pensées par jour !

Alors, comprenez bien qu’écouter tout ce qu’il dit est une perte de temps. 

Bien que l’écoute soit généralement une bonne idée lorsque vous discutez avec un être humain, c’en est une très mauvaise pour ce qui est des conversations avec votre cerveau. 

Pourquoi ? Parce que votre cerveau ne fait que répéter de vieux schémas que vous n’avez pas choisis et qui ne sont probablement pas aidants pour vous. 

Parmi toutes ces pensées qui inondent votre esprit, la plupart sont des pensées automatiques. Il s’agit en fait de notre dialogue intérieur. Ce que nous nous disons inconsciemment, sans y prêter attention de manière consciente. 

Si vous souffrez d’un déficit d’estime de soi, je parie que bon nombre de vos pensées sont, soit des pensées de dénigrement à votre égard, soit des pensées négatives à propos des événements et de votre environnement social.

Imaginons qu’un matin, vous montiez dans votre voiture pour aller au travail et qu’elle ne démarre pas. Vous vous direz peut-être tout haut : « C’est bien ma chance ! » mais inconsciemment, vous aurez peut-être la pensée automatique suivante : « Il ne m’arrive que des tuiles ! ». 

Les suppositions que nous considérons comme vraies et justes, ainsi que notre vision du monde et notre perception de nous-même, sont basées sur ce qu’on appelle des « croyances » en psychologie. 

J’évoque souvent des croyances dites « limitantes » quand je parle des pensées qui nous limitent dans notre évolution d’être humain et dans notre bien-être. Ces pensées nous empêchent de mener normalement notre vie dans un ou plusieurs domaines.

Par exemple, disons que j’ai l’intime conviction que je suis une bonne à rien. Cette conviction ne va pas vraiment me stimuler. Ma motivation va donc en prendre un coup. En raison de ce manque de motivation et d’un tortueux mécanisme de pensée inconscient, qui consiste à ce que mes actes soient en accord avec mes croyances, je ne vais rien faire. Je vais ainsi me prouver à moi-même que je suis une incapable. Et la boucle est bouclée.

C’est ce genre de distorsion de pensées qui peuvent mener à la dépression.

Les croyances limitantes sont donc des pensées toutes faites qui ont été gravées dans votre cerveau au fer rouge. À cause des normes sociales, culturelles, familiales et éducatives que l’on vous a inculquées tout au long de votre vie.

Heureusement, grâce à la plasticité du cerveau, ces pensées peuvent être modifiées pour être d’abord assouplies, puis devenir des pensées aidantes.

Les pensées aidantes vous donnent la motivation nécessaire pour passer à l’action. Et quand vous passez à l’action, vous expérimentez, et vous réalisez bien souvent que votre imagination rendait les choses bien plus difficiles qu’elles ne le sont en réalité.

Pour simplifier, ce sont des pensées inadaptées qui sont à l’origine de vos problèmes, tels que les troubles émotionnels ou les difficultés relationnelles. 

Un peu comme des pensées empoisonnées qui distilleraient leur poison dans votre cerveau pour vous paralyser de leur venin.

C’est pour cette raison qu’il vous faut prendre le contrôle de la conversation avec votre cerveau 😉

Biais et distorsions cognitifs

Les biais cognitifs

J’utilise le terme  « croyance », pour englober des formes de pensées subjectives inconscientes qui peuvent être, entre autres, des biais cognitifs.

On va beaucoup évoquer l’adjectif « cognitif » dans ce chapitre. Celui-ci se rapporte au nom « cognition » qui signifie pensée. 

La thérapie cognitive est donc la science qui résout les problématiques que l’on rencontre par un travail conscient sur les pensées. 

La science cognitivo-comportementale est celle à laquelle je me réfère énormément, car elle a changé radicalement ma vie. De plus, nous avons un grand recul sur son efficacité qui a été largement prouvée, notamment pour apaiser l’anxiété et soigner la dépression.

Je vous disais tout à l’heure que notre cerveau n’est pas toujours de bon conseil. En effet, il est conçu pour économiser son énergie. Pour cela, il a développé un système de pensée qui lui permet de porter un jugement ou de prendre une décision rapidement. 

Ce système de pensées s’appelle « les biais cognitifs ». Ils ont été identifiés par les recherches en psychologie cognitive et sociale.

Le biais cognitif est un mécanisme de pensée qui a son utilité pour prendre une décision rapide. Mais son effet pervers est qu’il produit une altération du jugement. 

À cause des biais cognitifs, la prise de décision est faussée car le biais induit un dysfonctionnement qui altère le raisonnement.

Ce mécanisme des biais cognitifs est systématique. En être conscients nous permet d’exercer notre libre arbitre. Ou au moins d’essayer 😉

L’un des biais cognitifs les plus courants est le biais de confirmation. Celui-ci est la tendance à ne rechercher et ne considérer comme vraies que les informations qui confirment les croyances et à ignorer ou discréditer celles qui les contredisent.

Je vous insère une vidéo dans la transcription du podcast sur mon site qui démontre avec brio les biais cognitifs pendant les six premières minutes. L’auteur donne ensuite des exemples concrets pour lutter contre les biais cognitifs, mais adressés à des entrepreneurs, cela vous intéressera peut-être moins…


Les biais cognitifs

Les distorsions cognitives

En plus des biais cognitifs, notre esprit conscient doit affronter les distorsions cognitives produites par notre cerveau.

Les distorsions cognitives sont une façon de traiter l’information qui entraîne une vision déformée, voire totalement inexacte du monde.

Par exemple, chez les personnes qui souffrent de dépression, les distorsions cognitives sont des interprétations et des représentations qui lui font préférer systématiquement une vision négative et pessimiste des choses. Ces distorsions sont responsables de son incapacité à évaluer la réalité de manière positive ou neutre. 

Ces distorsions cognitives vont se manifester par des pensées du type :

« Je ne vaux rien », « Les gens sont égoïstes », « Le monde est pourri », etc.

Chez la personne en dépression, ces phrases ne sont pas des paroles destinées à attirer la sympathie ou l’attention. Elles correspondent à la véritable représentation mentale qu’elle se fait du monde et d’elle-même.

Bon, j’aurai pu vous parler aussi des dissonances cognitives, mais je vous en fais grâce pour cette fois 😉 J’aurai sûrement l’occasion d’en parler dans un prochain épisode…

Bavardages, dénigrements et auto-sabotages

Suite aux mécanismes de pensée que je viens d’évoquer, j’espère vous avoir convaincus qu’il est contre-productif d’écouter les bavardages négatifs de notre cerveau.

Si j’avais écouté mon cerveau, je serais restée dans mon ancien job de salariée qui m’a pourtant rendue malade. 

« Tu devrais passer l’éponge et rester dans cette entreprise [ça, c’est la voix de mon saboteur de cerveau]. Tu as un bon salaire. À ton âge, tu ne pourras plus jamais gagner ça si tu pars. Être à son compte, c’est l’inconnu. Et ce qui est sûr, c’est que l’inconnu est incertain », disait-il. 

Vous remarquerez la logique imparable de mon cerveau 😉 

Mais il n’aime pas ce qu’il ne connaît pas. C’est normal, son rôle est de me protéger.

Simplement, mon cerveau n’est plus tellement au goût du jour. Il n’a pas évolué depuis l’époque où j’aurai dû affronter un tigre à dent de sabre en sortant de ma grotte.

Pour lui, quitter une zone de confort, c’est se mettre en danger. 

Si j’avais écouté mon cerveau, je n’aurais jamais lancé « Les Sensibles » 1

 « Qui es-tu – me disait-il – pour te permettre de donner des conseils aux gens ? Tu n’as même pas de diplôme de psychologue. Tu n’es pas légitime. »

Ce que mon cerveau ignorait alors, et que moi, je savais, c’est la haute valeur de l’expérience. Les gens tirent davantage de bénéfices à écouter des personnes comme elles, qui ont vécu des choses similaires et les racontent simplement et avec authenticité. 

Mon cerveau ignorait aussi que c’est en apprenant aux autres, que l’on apprend le mieux soi-même et que pour certains, c’est la plus grande motivation qui soit.

Si j’avais écouté mon cerveau, je n’aurais jamais couru mon premier 10 kilomètres.

« Toi faire une course chronométrée ? Tu plaisantes ! Tu cours à peine plus vite que tu ne marches. Tu vas être ridicule. »

Mon cerveau se laisse parfois dominer par l’ego. La peur du ridicule, la peur du regard des autres. 

Pourtant, s’il existe des dangers imaginaires, celui-ci en fait bien partie. 

Mais cette peur, il me l’a tellement projetée plus jeune que maintenant, ça me passe au-dessus !

Agissez comme s’il était impossible d’échouer

Winston Churchill

Pour en revenir à la course à pied, avant les années 1950, il était admis par tous qu’il était impossible pour un corps humain de courir un kilomètre et demi en moins de 4 minutes. 

Ces 4 minutes étaient considérées comme la limite de la capacité mécanique d’un corps humain. Et puis en 1954, un athlète a parcouru cette distance en quatre minutes. Deux mois plus tard, deux autres coureurs l’ont fait. Depuis, des milliers de personnes l’ont fait. 

Ce n’est pas comme si une personne était soudainement née avec la capacité physique de faire cet exploit surhumain. 

Non. Le corps humain avait DÉJÀ cette potentialité. 

Cette incapacité à courir le kilomètre et demi en quatre minutes était une restriction mentale.

Le jour où un athlète s’est convaincu que c’était possible — et que d’autres l’ont cru aussi — alors c’est DEVENU possible. 

La course à pied, comme la plupart des sports, requière autant de capacité mentale que de capacité physique. Les marathoniens vous diront tous que les derniers kilomètres sont courus grâce à leur tête et non plus avec leurs jambes.

La même chose est vraie pour le travail de la pensée. 

Une partie du travail de réflexion consiste à observer votre cerveau. C’est un travail qu’il faut faire en conscience afin de stopper la course des pensées automatiques. On prend la décision d’examiner, de disséquer les pensées que l’on vient d’avoir à un moment donné concernant une situation donnée. Puis, on prête attention aux émotions et aux actions que ces pensées génèrent. 

Mais le travail de réflexion consiste également à parler à votre cerveau — lui dire ce qui est possible et ce que vous voudriez croire expressément. 

Peut-être que vous ignorez qu’il est possible de faire ce travail sur nos pensées. Beaucoup de gens l’ignorent.

Personnellement, c’est ce travail qui a changé ma vie. Qui a façonné ma personnalité. Ce travail sur mes pensées m’a permis de passer d’une personne anxieuse sociale à une personne plutôt sereine et confiante en société.

Peut-être que vous voyez votre cerveau comme une partie autonome et autogérée de votre organisme. Vous n’imaginez pas avoir un pouvoir d’action et de décision.

Ou alors, vous assimilez cela à « la pensée magique » et vous jugez ce travail superflu et inefficace.

Bien sûr, le travail sur les pensées doit être un peu plus profond que des affirmations positives devant son miroir une fois par semaine.

En fait, c’est un véritable travail d’artiste. Qui nécessite observation, attention, ouverture d’esprit et créativité. Et surtout, de la détermination, car c’est dans la durée que l’on obtient des résultats.

Finalement, débuter ce travail sur les pensées, c’est un peu comme débuter la course à pied. 

Quand vous commencez, vous n’y croyez pas vraiment. Vous pensez que « c’est trop difficile », que « les mauvaises habitudes sont prises », que « c’est dans votre caractère », « c’est comme ça », « ça ne peut pas changer ».

Vous jugez cette activité trop dure pour vous. Mais bon, vaille que vaille, vous essayez quand même.

Au début, c’est difficile, vous souffrez, vous vous dîtes que vous n’allez jamais y arriver.

Et puis il arrive une sorte de déclic, un palier. Vous ne savez pas comment ni pourquoi, mais vous vous êtes pris au jeu. Vous commencez à trouver la chose agréable. 

Vous avez fait des progrès même. Vous avez obtenu un premier résultat. Il semble très modeste ce résultat. Pourtant, si vous regardez en arrière le chemin parcouru, quelle évolution !

Ce progrès vous procure du plaisir et vous encourage à continuer. Et puis à force de pratique, cette habitude devient un réflexe, la pratique s’intègre en douceur dans votre vie. 

Et un jour, vous vous lancez un défi plus grand qu’à l’accoutumée. 

Sans laisser penser autour de vous que vous y croyez vraiment, car ne pas y croire, c’est se laisser une excuse en cas d’échec. Se sentir moins bête.

Néanmoins, ce défi, vous le surmontez, vous allez jusqu’au bout de votre course. À votre rythme, certes, mais vous allez au bout…

Et si c’était juste ça ce travail sur les pensées ? 

Avancer un pas après l’autre vers la ligne d’arrivée, à votre propre rythme. 

La ligne d’arrivée, c’est ce moment où, enfin, vous savez discerner les pensées automatiques qui vous nuisent et vous savez les assouplir pour qu’elles soient plus aidantes pour vous.

Or, la plupart des gens utilisent le travail de pensée uniquement pour limiter les dégâts. 

Mais imaginez ce qui pourrait se passer si vous parliez davantage à votre cerveau, au lieu de l’écouter tout le temps ?

 Et si vous disiez à votre cerveau que penser la plupart du temps (et non l’inverse) ? Comment cela changerait-il les choses pour vous ?

Ce travail, c’est celui que je décris dans ma formation Sérénité en société. C’est aussi celui que je pratique avec mes clientes en accompagnement, de manière plus personnalisée.

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à consulter les pages de mon site qui expliquent tout cela. Je vous ai mis les liens dans les notes de l’épisode.

Je vous retrouve dans un prochain contenu.

D’ici-là, pensez à prendre le contrôle de vos pensées 😉

  1. “Sensible Révolution”, aujourd’hui.[]